jeudi, mai 11, 2006

par LAURENT HERROU, le jeudi 11 mai 2006

Pink, Family Portrait.
Sur le chemin du restaurant hier midi, un exemplaire du “Nicolas Pages” de Dustan. Collection Le Rayon (encore) Gay, Balland. Le livre était posé sur l’étalage d’un antiquaire qui empiétait sur le trottoir, il dépassait sous un drap blanc, linceul, sa couverture pâle, cœur écorché en illustration, tournée vers moi. J’ai eu une hésitation, fallait-il que je le prenne? Je n’avais pas d’appareil photo à ma disposition, Sébastien, qui déjeunait avec moi, n’en avait pas non plus, je me suis contenté de ranger l’information et l’image saisissante dans un coin de ma tête. J’ai envoyé un mail à Michel hier soir pour lui dire que je serais à Paris du 20 au 23, que j’espérais le voir, rattraper les mois passés, le silence que j’incombais au manque de temps : on est parti au Maroc, j’ai été secoué par le voyage, plus que je ne l’admettais (perdu cinq kilos sur place), au retour on s’est remis, Jean-Pierre et moi, au blog, à la création, aux idées, à l’amour aussi, non pas qu’on l’avait mis de côté mais les mois s’additionnent, ils s’ajoutent les uns aux autres, étrangement différents, les sentiments évoluent, le rapport change si la base reste la même : une admiration mutuelle. Un gars disait du mariage hier soir à la télé qu’il représentait la fin des libertés, quelque chose que j’avais moi-même ressenti au début de la relation -même si, en vérité, je n’avais jamais été libre, à aucun moment dans ma vie. Après dix ans, il me semblait que la liberté s’installait paisiblement au contraire, une vraie liberté, celle d’être qui l’on est, profondément, celle de pouvoir se laisser aller à dire (sinon à faire) tout ce qui passait par la tête.
Ciel troublé, nuages blancs et fraîcheur, le soleil ne chauffe pas -si l’été pouvait ressembler à cette matinée (mais c’est un espoir impossible).
Je travaille à dix heures, je sors à cinq, vernissage à la Station, artistes canadiennes, trois femmes, puis soirée seul, à la maison, du temps pour internet, les blogs où à mon tour je ne dépose plus aucun commentaire, tout à mon propre travail, mon écriture. Sandrine a laissé un commentaire sur la dernière note, Alain aussi, l’un comme l’autre détournait le sujet, ne l’affrontait pas, ne le voyait peut-être pas ou du moins lisait autre chose (un cauchemar chez Sandrine et la mort chez Alain), je me suis demandé si mon écriture n’avait de sens que pour moi seul, je me suis demandé hier soir si le journal n’avait d’intérêt que pour son auteur, je veux dire : dans son contexte, en cours (je lis suffisamment de journaux d’écrivains pour y reconnaître un intérêt évident), le décalage entre la vie vécue et la vie écrite n’est-il pas nécessaire pour que tout ceci prenne un sens? En un mot, un journal n’a-t-il un intérêt que lorsque son auteur est mort?
Je ne lis pas Renaud Camus.
Je ne lis pas Marc-Edouard Nabe.
Je ne lis pas Matzneff.
J’ai lu Guibert dans les dix dernières années.
Je me triture la cervelle mais je crois que je ne lis pas de journaux d’écrivains vivants. Combien attendront ma mort pour me lire?
Dustan avait-il un journal?
9:00.
Une heure encore devant moi, la journée ne fait que commencer.

Vérifié sur mon exemplaire de "Nicolas Pages", le Rayon n'était déjà plus Gay.
copyright Laurent Herrou Photo/Jean Pierre Paringaux

6 Comments:

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