lundi, juillet 31, 2006
par REMY RUSSOTTO, le dimanche 30 juillet 2006
« Comment résister à la niaiserie de la vie ? », se dit Louis Skorecki. Comment résister à Claudia Cardinale, la fille à la valise ? La réponse est claire : il ne faut pas résister. Il ne faut jamais résister. Résister, c’est être stupide, pire, c’est être grossier. Car résiste-t-on à la mer, résiste-t-on aux nuages, résiste-t-on à l’ombre et résiste-t-on au soleil ? Résiste-t-on à ce qui nous fait sourire, comme à ce qui nous fait doucement pleurer ? Résiste-t-on à un baiser au bord de l’océan ? Non. Se laisser faire, se laisser embrasser, c’est être plus intelligent, c’est être plus sympathique, c’est être sage, et être sage alors, c’est être plus heureux. Voilà pour le Gucci du mental. Et voilà pour moi. « The contrary of war isn’t peace, it’s creation », voilà nous y sommes encore. Au cœur du plus beau film du monde, « Rent », celui qui nous a tout donné, PLUS L’IMPOSSIBLE. Nous vous embrassons Jonathan Larson et Chris Columbus (vous êtes toute l’Amérique ; Jonathan Larson vous n’êtes pas mort), nous vous embrassons Claudia Cardinale, nous t’embrassons Miss Marilyn Monroe, nous vous embrassons Veronika Lake, nous vous embrassons Jacques Perrin. Dans les larmes et dans la joie, nous pensons beaucoup à vous. Je vous aime. Many sweet kisses.
* Les notes précédant ce jour ont été inspirées a contrario des textes de Nicolas Grimaldi.
par REMY RUSSOTTO, le samedi 29 juillet 2006
Peut-on dire que la liberté conspire sans cesse avec la nécessité ? Que le destin se boucle par l’effet de la liberté, et non par un geste malin ? Ce qui devait nous emmener au grand air nous bouclerait-il ? « De l’air ! de l’air ! », disait l’autre angoissé. Effectivement, on devient angoissé quand tous les gestes semblent rétrospectivement malins, et le présent ressemble chaque jour davantage à un futur antérieur prisonnier. Car on a pris l’air pour le verrou et la guillotine pour la clef. On a cru qu’il y avait des questions, pire, on s’efforce de tirer partout des réponses chargées de sens et d’en être satisfait. Chacun a la paranoïa qu’il mérite.
De là donc, cet attendrissement, cette douce nonchalance se transformant chaque année davantage en un far niente de haute couture. De là cette prédisposition à dire oui, quand naturellement on a déjà oublié la question. Car des questions, on s’en balance. Au revoir donc, et bonjour mademoiselle. Comment allez-vous ce matin ? Vous semblez légère. Avez-vous bien dormi ? « Oh oui monsieur, j’ai merveilleusement bien dormi ». Parfait ! Aux libertés utiles, je sommeille. Et quand vient le jour, j’aurai tout oublié. Des effets ! des effets qui fascinent ! et jamais, grands dieux, ces horribles causes (aux causes utiles des catastrophes sans nombre).
vendredi, juillet 28, 2006
par REMY RUSSOTTO, le vendredi 28 juillet 2006
L’existence peut être régénérée, comme la régénération n’est pas liée irrémédiablement à la nouveauté. Elle se présente plutôt sous la forme d’une étrange lassitude. Et quoi de plus beau que la lassitude d’un long jour d’été quand il fait terriblement chaud ? Exister, c’est donc cela : avoir chaud. Oublier l’imposition de l’espace réduit posé devant soi, qui exigerait d’être vainement rempli, et élargir l’espace au temps (le faire courber, comme les jeunes filles, l’été venu, plongent dans l’eau et passent en ville). Savoir que la sensation de bonheur ne provient pas de l’espace mais du temps qui lui est confondu, de ce qu’il nous montre, de notre réactivité à la chaleur et de notre capacité d’absorption. Celle de voir les choses s’écouler et plonger dans les vagues est maintenant immense. La loi du temps, cet été, a décidé que nous serons heureux. La loi des jeunes filles me dit aussi que je le serai toujours plus (je repense à cette chanson de Chris Isaak « Pretty girls don’t cry… »).
jeudi, juillet 27, 2006
par REMY RUSSOTTO, le jeudi 27 juillet 2006
Parfois, ce que l’on peut faire de beau dans l’existence, c’est accomplir ce que les œuvres du passé ont entrevu. Non pas esquisser ce que l’art a montré dans l’histoire, mais l’accomplir. Ce que l’on veut, ce n’est pas connaître l’insoutenable intensité de quelque perfection artistique mais que cette perfection soit la mesure exacte de notre conscience, c’est-à-dire, à terme, peu de chose mais irréductiblement autant de joies. A ce sujet, et pour cette cause, il est un certain laisser-aller de notre existence, une pause prolongée, un déhanchement, une oisiveté élaborée qui sont… Abondance, générosité et possession : par rapport à ce que la musique exprime, je peux ne pas avoir honte pour tout ce qui existe devant elle, je peux me laisser aller et l’accomplir.
par REMY RUSSOTTO, le mercredi 26 juillet 2006
Le monde entier nous distrait, de même la conscience est toujours distraite de ce qu’elle a. Mais ce qu’elle a n’est pas en attente : elle l’a. De là vient un sentiment extrême de joie. Et la joie est peu de chose si elle n’est pas distraction, et distinction. Je suis distrait par ce que j’ai. Si manifeste d’ailleurs est la distraction de ce que j’ai, et sa démesure – qui est un effet de la conscience, que je peux vouloir quelque chose de beau. La possibilité de quelque chose de beau dépend de la distraction et donc de la possession. Or quand cette possession n’est plus un problème, ce qui semblait défier l’esprit et n’appartenir qu’aux chefs-d’œuvre de l’art peut devenir monnaie courante sous l’effet de ma volonté. Que ferai-je alors sinon la démesure et l’abondance du beau, logiquement ?
mercredi, juillet 26, 2006
par REMY RUSSOTTO, le mardi 25 juillet 2006
Tout ce que nous obtenons ressemble parfaitement à ce que nous désirons. Davantage que de ressemblance, il s’agit d’équivalence ; et cette équivalence est devenue absolue. Ayant obtenu quelque chose, nous sommes satisfaits. Et ayant obtenu quelque chose, nous désirons encore autre chose. Ce qui fait la réussite de la conscience, c’est son abondance. En ce sens, le temps semble si parfaitement passer qu’il semble tout le temps se surpasser. Ne se retrouve-t-on pas en effet après à un point beaucoup plus agréable qu’avant, continuant toute une vie à élargir nos désirs ? A la place de « la flaque visqueuse de notre temps » du Roquentin de Sartre et de sa nausée, il me vient à l’esprit autre chose. Mais cette chose, en attendant, me rend étrangement triste comme si je n’étais pas encore capable de quelque chose d’inimaginable ou de l’impossible. On court toujours derrière ses mauvais esprits, mais lentement on rigole.
lundi, juillet 24, 2006
par REMY RUSSOTTO, le lundi 24 juillet 2006
Un tableau n’a pas besoin d’être vu pour exister, comme une mélodie n’a pas besoin d’être entendue. Une œuvre d’art peut exister en n’empruntant pas au monde les conditions de sa représentation. On pourra dire qu’il y a un objet d’art là où il n’y a pas d’objet répondant à ces conditions. En ce sens, il n’est pas nécessaire qu’une œuvre d’art soit perçue pour qu’elle puisse être imaginée. Sa fascinante présence n’est pas liée aux conditions de sa représentation, mais à ce qu’elle exprime indépendamment de ces conditions. Sa présence dans le monde n’a de sens que par rapport à notre capacité d’imagination, et celle-ci est capable de tout si la représentation a perdu ses attributs essentiels. Par conséquent, et par l’imagination, ce qu’une œuvre d’art exprime est présent partout continuellement (elle ne répond pas aux limites de l’espace et du temps). Ce que l’on peut faire dans l’existence est d’accomplir continuellement ce que l’œuvre d’art esquisse dans l’histoire. Nous sommes donc capables de tout. Et l’impossible ne m’a jamais paru aussi simple.
par FABRICE DELMEIRE, le dimanche 23 juillet 2006
dans ma capsule sous les rideaux
Quelque chose a fait levier, un point pivot. J’apporte sur la tombe de ma marraine - j’étais loin lors de son décès du cancer du sein, j’étais loin comme on peut l’être de sa famille - j’apporte sur la tombe de ma marraine, un bocal rempli de graines de pavot.
Quelque chose a fait levier, un point pivot. J’apporte sur la tombe de ma marraine - j’étais loin lors de son décès du cancer du sein, j’étais loin comme on peut l’être de sa famille - j’apporte sur la tombe de ma marraine, un bocal rempli de graines de pavot.
par FABRICE DELMEIRE, le samedi 22 juillet 2006
(coup de balai)
Se rendre au pèlerinage des bars. Valentina est saoule et supplie quelques mâles de venir la baiser dans les toilettes. Ses tentatives demeurent infructueuses tandis qu’elle se met à ramper sous les transats. Au bar, une très jeune adolescente sirote une bière en tirant sur sa Murati comme on fait monter une Ferrari dans les tours. Un couple lesbien à la discrétion câline s’essaie à la pétanque. La jeune fille blonde est une sylphide parée d’un top au bleu azuléen et ses mains en suspension dans les strates d’air chaud me donnent le tournis.
Dans la nuit de samedi, vers trois heures vingt, un garçon dans la trentaine, légèrement grisonnant, rentre en surfant sur des litres de pastis. Arborant une vareuse marine, Arnaud glisse tel chaussé de patins. Il y a quelques heures, il a fait une crise d’angoisse assez flash, s’est un temps écroulé de l’intérieur, puis le temps a coulé. Maintenant, rue Pletinckx, à deux pas du centre bourdonnant, le jeune homme est encadré par deux grands types dont une baraque. La conversation s’oriente comme il se doit rapidement autour du fric. Puis, sans qu’on sache très bien comment, deux coups de couteau brefs, deux éclairs. Déjà il gît, ivre mort.
(Est-ce que votre bus scolaire s’est déjà fait détourner ? Savez-vous qu’un groupe a déjà réalisé votre rêve le plus secret ? C’est comme si vous embrassiez sur la bouche Jennifer Lopez ou Johnny Depp. Ma douce, profites-en bien car bientôt ça va changer. On va remplacer tous les cœurs par des culs. J’avais presque réussi à me convaincre que c’étaient les chœurs, je venais juste d’enterrer la certitude que c’était le groove - oui, le groove - enfin je ne la ramenais plus sur l’arrache, l’urgence, le brut de décoffrage du scribe. Finalement, je me suis fini sur le curling, ses coups de balais, sa glissade équivoque. Et la France, une ptite médaille ? Qu’on tiendra dans nos moufles. www.myspace.com/dylanmunicipal Comment? Ca ressemble pas à Bénabar ?Tu feras pas l’étonné, je t’aurais prévenu. )
Se rendre au pèlerinage des bars. Valentina est saoule et supplie quelques mâles de venir la baiser dans les toilettes. Ses tentatives demeurent infructueuses tandis qu’elle se met à ramper sous les transats. Au bar, une très jeune adolescente sirote une bière en tirant sur sa Murati comme on fait monter une Ferrari dans les tours. Un couple lesbien à la discrétion câline s’essaie à la pétanque. La jeune fille blonde est une sylphide parée d’un top au bleu azuléen et ses mains en suspension dans les strates d’air chaud me donnent le tournis.
Dans la nuit de samedi, vers trois heures vingt, un garçon dans la trentaine, légèrement grisonnant, rentre en surfant sur des litres de pastis. Arborant une vareuse marine, Arnaud glisse tel chaussé de patins. Il y a quelques heures, il a fait une crise d’angoisse assez flash, s’est un temps écroulé de l’intérieur, puis le temps a coulé. Maintenant, rue Pletinckx, à deux pas du centre bourdonnant, le jeune homme est encadré par deux grands types dont une baraque. La conversation s’oriente comme il se doit rapidement autour du fric. Puis, sans qu’on sache très bien comment, deux coups de couteau brefs, deux éclairs. Déjà il gît, ivre mort.
(Est-ce que votre bus scolaire s’est déjà fait détourner ? Savez-vous qu’un groupe a déjà réalisé votre rêve le plus secret ? C’est comme si vous embrassiez sur la bouche Jennifer Lopez ou Johnny Depp. Ma douce, profites-en bien car bientôt ça va changer. On va remplacer tous les cœurs par des culs. J’avais presque réussi à me convaincre que c’étaient les chœurs, je venais juste d’enterrer la certitude que c’était le groove - oui, le groove - enfin je ne la ramenais plus sur l’arrache, l’urgence, le brut de décoffrage du scribe. Finalement, je me suis fini sur le curling, ses coups de balais, sa glissade équivoque. Et la France, une ptite médaille ? Qu’on tiendra dans nos moufles. www.myspace.com/dylanmunicipal Comment? Ca ressemble pas à Bénabar ?Tu feras pas l’étonné, je t’aurais prévenu. )
dimanche, juillet 23, 2006
par FABRICE DELMEIRE, le vendredi 21 juillet 2006
De bon matin, le sous-marin de la Porte de Namur, que nombre de distraits prennent pour une librairie-tabac, balance une torpille : une femme plutôt sensass, 30/35 ans environ, se pourvoit en l’achat de 5 ou 6 magazines féminins, Libé, plus Les Inrocks. Regards répétés, prononcés, érection, puis elle sort, comme si de rien n’était, pour m’attendre dehors. Là, les échanges sont sommaires. Il est convenu de se retrouver à 22 heures.
Chloé m’entraîne à une fête où je ne reconnais personne, à part les bouteilles de rhum. Avachi dans un canapé, je la considère finalement beaucoup moins jolie que ses seins, splendides, voluptueux, tandis qu’elle s’enquiert régulièrement de mes états de santé. Il est vrai que pour un visage pâle je sors assez peu de ma réserve.
Mes paupières se ferment inexorablement. - Hé, ce n’est pas la moment de dormir ! Je lui réponds que j’ai les yeux grands fermés. Après tout, sa robe remonte très haut sur ses cuisses ; on ne peut pas lui enlever ça, enfin, pas tout de suite.
Vient enfin le moment du départ. Elle me dit qu’elle me prend dans son sac. Le temps du trajet je tire la fermeture éclair à défaut de choses au clair.
Chez elle, à Saint-Gilles, elle m’apporte un whisky sur glace. Qui est le type qui a demandé ça ? Est-on en souvenir de trop de films et séries américaines ? Pour faire comme Bukowski? Toujours est-il qu’elle me l’apporte puis rapidement me roule une grosse pelle. Suffisante pour ériger de sacrés châteaux de sable. Elle se déshabille et se frotte sur tout mon corps. Sa chatte me glisse sur les reins, le torse, le visage.
Elle m’entraîne dans sa chambre : une grande pièce nue avec une cheminée où se presse l’intégrale de Sade. L’occasion est propice pour risquer un toucher anal. Ensuite on s’éternise dans un 69 assez laborieux. Soudain, j’ai un peu mal à la bite. Il y a comme un problème, du sang partout.
Je ne sais pas pourquoi, je repense à la fois où j’ai baisé une copine avec Fabrice. Lui s’activait derrière pendant qu’elle me suçait. Quand j’ai éjaculé, j’ai voulu me retirer, elle en a pris partout. Fabrice est venu juste après. Puis, en voyant la tête de la fille, on a éclaté de rire. Elle n’a pas trop apprécié.
Aux urgences, à 5 heures du matin, je croise la faune bigarrée attendue. Ca commence par un grand black : - Bonjour, je suis le docteur. L’individu me fait asseoir jambes écartées sur un fauteuil de gynécologie et me demande : - Pénétration, fellation, masturbation ? - Un peu de tout. Il a l’œil grivois, amusé puis s’éclipse bien vite. Se présente un autre type pareillement costumé. – Bonjour, je suis le docteur. - On s’occupe de moi, merci. (puis, devant son air dubitatif) J’ai déjà vu le docteur ! - Ah non, ce devait être un infirmier… Et le manège recommence. Viendra enfin le docteur, le vrai, qui m’explique que j’ai sans doute fait les frais de deux stagiaires gouailleurs. Je souris comme il convient puis reprends place sur le fauteuil désormais familier dans une posture, elle, pareillement étrangère. Il me regarde étonné : - Ah non, Monsieur, sur la chaise.
(J’ai déjà écrit cette page, j’ai déjà vécu cette scène. Impression de déjà-vu. La fille, elle, plus personne ne l’aurait jamais revue.)
Chloé m’entraîne à une fête où je ne reconnais personne, à part les bouteilles de rhum. Avachi dans un canapé, je la considère finalement beaucoup moins jolie que ses seins, splendides, voluptueux, tandis qu’elle s’enquiert régulièrement de mes états de santé. Il est vrai que pour un visage pâle je sors assez peu de ma réserve.
Mes paupières se ferment inexorablement. - Hé, ce n’est pas la moment de dormir ! Je lui réponds que j’ai les yeux grands fermés. Après tout, sa robe remonte très haut sur ses cuisses ; on ne peut pas lui enlever ça, enfin, pas tout de suite.
Vient enfin le moment du départ. Elle me dit qu’elle me prend dans son sac. Le temps du trajet je tire la fermeture éclair à défaut de choses au clair.
Chez elle, à Saint-Gilles, elle m’apporte un whisky sur glace. Qui est le type qui a demandé ça ? Est-on en souvenir de trop de films et séries américaines ? Pour faire comme Bukowski? Toujours est-il qu’elle me l’apporte puis rapidement me roule une grosse pelle. Suffisante pour ériger de sacrés châteaux de sable. Elle se déshabille et se frotte sur tout mon corps. Sa chatte me glisse sur les reins, le torse, le visage.
Elle m’entraîne dans sa chambre : une grande pièce nue avec une cheminée où se presse l’intégrale de Sade. L’occasion est propice pour risquer un toucher anal. Ensuite on s’éternise dans un 69 assez laborieux. Soudain, j’ai un peu mal à la bite. Il y a comme un problème, du sang partout.
Je ne sais pas pourquoi, je repense à la fois où j’ai baisé une copine avec Fabrice. Lui s’activait derrière pendant qu’elle me suçait. Quand j’ai éjaculé, j’ai voulu me retirer, elle en a pris partout. Fabrice est venu juste après. Puis, en voyant la tête de la fille, on a éclaté de rire. Elle n’a pas trop apprécié.
Aux urgences, à 5 heures du matin, je croise la faune bigarrée attendue. Ca commence par un grand black : - Bonjour, je suis le docteur. L’individu me fait asseoir jambes écartées sur un fauteuil de gynécologie et me demande : - Pénétration, fellation, masturbation ? - Un peu de tout. Il a l’œil grivois, amusé puis s’éclipse bien vite. Se présente un autre type pareillement costumé. – Bonjour, je suis le docteur. - On s’occupe de moi, merci. (puis, devant son air dubitatif) J’ai déjà vu le docteur ! - Ah non, ce devait être un infirmier… Et le manège recommence. Viendra enfin le docteur, le vrai, qui m’explique que j’ai sans doute fait les frais de deux stagiaires gouailleurs. Je souris comme il convient puis reprends place sur le fauteuil désormais familier dans une posture, elle, pareillement étrangère. Il me regarde étonné : - Ah non, Monsieur, sur la chaise.
(J’ai déjà écrit cette page, j’ai déjà vécu cette scène. Impression de déjà-vu. La fille, elle, plus personne ne l’aurait jamais revue.)
vendredi, juillet 21, 2006
par FABRICE DELMEIRE, le jeudi 20 juillet 2006
Pour prester endéans les horaires de l’administration fiscale, il faut se lever à des heures totalement déraisonnables. Quant à qualifier l’état de mes finances, un accorte préposé à la perception de l’impôt me répond dans un sourire doux, voire prévenant : - Oui, c’est bien ça, vous n’avez qu’à mettre ça en revenus divers. Dans les couloirs gris et beige, d’autres égarés font les cent pas jusqu’à l’ascenseur ou s’affaissent sur des chaises. Nettoyage à sec. Si quelqu’un pouvait penser à appuyer sur la touche linge délicat.
Au jardin de L’Ami d’Enfance, restaurant où je fonds tel le moelleux au chocolat, la cascade d’une fontaine grenat entretient le mirage d’un soupçon de fraîcheur. Il est quinze heures dix aux couverts de ma compagne.
(Adriana, en aparté, faisant mine de me gronder :)
- Vous embrassez constamment les jeunes filles, je n’ai de cesse de vous surprendre en train de rouler des pelles !
- A défaut de rouler des mécaniques, je suis pingre en bâtiment. J’échafaude de grands ouvrages avant d’égarer les plans. Toutefois, la fréquence des activités que vous me prêtez m’étonne…
- Mais si, l’autre jour encore vous enlaciez Ava et Perséphone ! Etait-ce vous, était-ce leur cosmopolitan, leur joues prenaient quelques couleurs, leur faisant perdre un temps leur lividité.
- C’est curieux, je ne me rappelle pas.
Il y a tellement d’espace dans les films de Gus Van Sant, tellement de champs à conquérir, à habiter, il y a tellement de lenteur calligraphiée, tellement de chair et de place libre, qu’il faut tout s’y approprier. Last Days. Vers un absolu sidérant.
(Photo : Gerry, de Gus Van Sant, 2002, avec Matt Damon et Casey Affleck.)
Au jardin de L’Ami d’Enfance, restaurant où je fonds tel le moelleux au chocolat, la cascade d’une fontaine grenat entretient le mirage d’un soupçon de fraîcheur. Il est quinze heures dix aux couverts de ma compagne.
(Adriana, en aparté, faisant mine de me gronder :)
- Vous embrassez constamment les jeunes filles, je n’ai de cesse de vous surprendre en train de rouler des pelles !
- A défaut de rouler des mécaniques, je suis pingre en bâtiment. J’échafaude de grands ouvrages avant d’égarer les plans. Toutefois, la fréquence des activités que vous me prêtez m’étonne…
- Mais si, l’autre jour encore vous enlaciez Ava et Perséphone ! Etait-ce vous, était-ce leur cosmopolitan, leur joues prenaient quelques couleurs, leur faisant perdre un temps leur lividité.
- C’est curieux, je ne me rappelle pas.
Il y a tellement d’espace dans les films de Gus Van Sant, tellement de champs à conquérir, à habiter, il y a tellement de lenteur calligraphiée, tellement de chair et de place libre, qu’il faut tout s’y approprier. Last Days. Vers un absolu sidérant.
(Photo : Gerry, de Gus Van Sant, 2002, avec Matt Damon et Casey Affleck.)