lundi, juillet 10, 2006

par SEBASTIEN CARPENTIERS, le lundi 10 juilllet 2006

Journée de base. Pièce élémentaire du puzzle. Pas un coin, ou, à la limite, un bord. Non, non, du standard.

Comme se le demandait Nicolas : « pourquoi, malgré des années de dressage, le lundi matin est-il toujours si pénible ? ».

A peine arrivé à la garderie qui me prend en charge, j’écris à ma chère et tendre :
« Bonjour mon amour,
Je suis vraiment triste ce matin. Sans doute le sais-tu, la banque qui m’emploie a décidé de procéder, une fois par an, à un sacrifice humain et, pas de chance, c’est tombé cette fois sur mon collègue Daniel, ce qui m’ennuie beaucoup parce que j’avais parfois besoin de lui pour me conduire.
Tant pis, on trouvera d’autres solutions…».
Mon poste de pilotage :



Au second plan, on aperçoit Daniel, un peu avant son exécution.

Midi trente, descente à la cantine : «manger est un projet sans fin».

Extases administratives variées.

Entre deux insignifiants moments travaillés dans l’après-midi, j’écris encore à ma douce:
« Ici, avec Lucienne, l'institutrice qui nous sert de chef, ça tourne mal.
Elle a trouvé les champignons qu'on avait mis dans son café.
Elle a appelé la police et on a été entendu un par un, dans des bureaux séparés.
On a pas eu le temps de se coordonner avec mes collègues, j'ai inventé une histoire et, pris dans mes explications, j'ai accusé Daniel et le nouveau.
Il est possible que je rentre un peu plus tard.
Bisous ».
16:09, je pars.

Daniel était de toute façon condamné à mort, justifiai-je à mon amoureuse lors de mon retour au foyer.

Carpaccio de bœuf, avec huile d’olive de notre réserve précieuse. Investir dans une descente à la cave valait le coup, malgré la puanteur des poubelles et la fraîcheur certaine qui règne dans les bas-fonds.

Journée de base, donc. Consolons-nous avec les grands hommes qui ont pensé pour nous : « La majorité des hommes mènent une vie de tranquille désespoir » (Henry David Thoreau).

Je m’impose ce jour dans une grande famille que je ne connais pas.