par ELEIN FLEISS, le mardi 13 juin 2006
Vienne, le dernier jour, dans la mélancolie du compte à rebours.
Dans vingt-quatre heures je ne serai plus ici, dans l'illusion d'un exil, certes éphémère.
D'ailleurs c'est déjà foutu, depuis quelques heures tout est teinté par la nostalgie. Je ne pourrais plus aller dans tel café, je n'entendrai plus le son des tramways, je n'aurai plus la sensation d'avoir plus d'espace et donc plus d'air, je ne me tiendrai plus bien droite quand je marcherai dans la rue, non, quelque chose fera que je marcherai courbée. Je partirai sans être allée au Volksgarten dont j'ai déclaré de façon péremptoire à qui voulait bien l'entendre que c'était mon jardin préféré à Vienne. Les conversations ne se feront plus tout à la fois en français, en allemand et en anglais. Je serai de retour en France, à Paris. Tous les mots écrits sur les affiches publicitaires, à la une des journaux et sur les couvertures des magazines signifieront quelque chose malgré leur évidente et terrible vacuité.
Combien de temps faudrait-il quitter la France pour qu'elle me manque ?
Tout à l'heure j'ai rencontré Wilmo, ami de Marina, Juif hongrois - survivant.
Coïncidence : il vit à Paris, à trois minutes de chez moi.
Une heure de conversation ininterrompue sur la terrasse nord de l'appartement. Lui, dans un français non seulement parfait mais vivant, précis, animé, rare. Moi, balbutiements, lenteur.
Après deux phrases plus aucune barrière n'existait entre lui et moi. Wilmo m'a appris plus de choses en une heure que si j'avais passé ma journée à lire. Les personnes les plus vivantes commencent souvent à se parler en évoquant leurs problèmes de santé, voire leur mort prochaine. Beaucoup de juifs ont une forte tendance à l'hypocondrie - peut-on dire une chose pareille? -, de plus ils sont capables de provoquer le rire le plus joyeux quand ils racontent les choses les plus terribles - quant à elles, tout à fait réelles - qui leur sont arrivées.
Le soleil vient de disparaître derrière la coupole du musée des beaux-arts.
Le long du Ring les réverbères se sont allumés. Au loin je distingue les collines sous un ciel gris et rose.
Dans vingt-quatre heures je ne serai plus ici, dans l'illusion d'un exil, certes éphémère.
D'ailleurs c'est déjà foutu, depuis quelques heures tout est teinté par la nostalgie. Je ne pourrais plus aller dans tel café, je n'entendrai plus le son des tramways, je n'aurai plus la sensation d'avoir plus d'espace et donc plus d'air, je ne me tiendrai plus bien droite quand je marcherai dans la rue, non, quelque chose fera que je marcherai courbée. Je partirai sans être allée au Volksgarten dont j'ai déclaré de façon péremptoire à qui voulait bien l'entendre que c'était mon jardin préféré à Vienne. Les conversations ne se feront plus tout à la fois en français, en allemand et en anglais. Je serai de retour en France, à Paris. Tous les mots écrits sur les affiches publicitaires, à la une des journaux et sur les couvertures des magazines signifieront quelque chose malgré leur évidente et terrible vacuité.
Combien de temps faudrait-il quitter la France pour qu'elle me manque ?
Tout à l'heure j'ai rencontré Wilmo, ami de Marina, Juif hongrois - survivant.
Coïncidence : il vit à Paris, à trois minutes de chez moi.
Une heure de conversation ininterrompue sur la terrasse nord de l'appartement. Lui, dans un français non seulement parfait mais vivant, précis, animé, rare. Moi, balbutiements, lenteur.
Après deux phrases plus aucune barrière n'existait entre lui et moi. Wilmo m'a appris plus de choses en une heure que si j'avais passé ma journée à lire. Les personnes les plus vivantes commencent souvent à se parler en évoquant leurs problèmes de santé, voire leur mort prochaine. Beaucoup de juifs ont une forte tendance à l'hypocondrie - peut-on dire une chose pareille? -, de plus ils sont capables de provoquer le rire le plus joyeux quand ils racontent les choses les plus terribles - quant à elles, tout à fait réelles - qui leur sont arrivées.
Le soleil vient de disparaître derrière la coupole du musée des beaux-arts.
Le long du Ring les réverbères se sont allumés. Au loin je distingue les collines sous un ciel gris et rose.
Le moment le plus idiot et regrettable de cette journée aura été la lecture du Monde au café Sperl.
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