dimanche, juin 11, 2006

par LAURENT DE SUTTER, le samedi 10 juin 2006

Le dandysme est un humanisme. Pour s’en persuader, il suffit d’ouvrir un journal, de lire un communiqué de presse, de tendre l’oreille à une conversation de café : le dandysme est partout. Lorsqu’il décrivait notre époque comme celle de l’entrée dans l’âge du dandysme de masse, Camille de Toledo avait raison : le dandysme est devenu l’éthique de notre temps, une éthique démocratique. A ceux qui préfèrent l’esthétique, il ne reste donc plus qu’une seule voie : le snobisme. Le snobisme est un anti-humanisme.

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Gilles Deleuze disait qu’il préférait les mondanités aux discussions. Dans les discussions, expliquait-il, on ne fait que parler. Rien n’est plus ennuyeux que cela : cette obligation de parler. Dans les mondanités au contraire, la conversation prend un poids nul et une vitesse infinie. Dans les mondanités, on ne parle pas. C’est ce qui les sauve.

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Le soleil continue de briller. Dans les jardins de Paris, les fontaines en dansent de joie, et les filles sourient.

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Depuis la publication de Logiques des mondes et la brillante analyse qu’y livre Alain Badiou d’un tableau de Hubert Robert, tout le monde semble se souvenir de l’existence de ce peintre. Il y a quelques mois encore, qui aurait osé avouer sa secrète affection pour ce peintre ? Pour celui qui n’était jusqu’à hier qu’un champion de l’académisme néo-classique ? Aujourd’hui, toute honte bue, on n’hésite plus : oui on a fréquenté le dernier étage du Louvre, oui on s’est arrêté devant les grandes fresques méticuleuses de Robert, oui on a aimé passionnément ce tableau qui représente la Grande Galerie du Louvre en ruine. Oui, oui, oui. Oui à tout.