par LAURENT DE SUTTER, le mardi 6 juin 2006
Hier soir, à la Galerie Léo Scheer, la dernière séance du séminaire « Lundi, c’est théorie » durant lequel s’était élaboré le contenu du futur volume de Fresh Théorie 2 était consacrée au thème du « Pop-porn ». Pierre-Olivier Capéran, Jacques Leuil (représenté par Mark Alizart), Rémy Russotto et votre serviteur auraient toutefois été bien en mal d’expliciter cette dénomination. S’agissait-il de croquer dans la pornographie comme dans une graine de maïs soufflée ? Ou s’agissait-il au contraire d’entériner une forme de devenir pop de la pornographie ? Peu importait, au fond. Comme le fit remarquer Léo Scheer lui-même durant le cocktail qui conclut la séance de séminaire, l’essentiel était de parvenir à formuler au sujet de la pornographie quelques propositions impossibles. C’est-à-dire : insoutenables, inaudibles, incompréhensibles. Mais c’est-à-dire aussi : follement drôles. Hier, à la Galerie Léo Scheer, on riait donc pas mal – tandis que dans la salle de projection, Hidden Obsessions (1993) de Andrew Blake entreprenait de convertir ceux qui croyaient encore que le cinéma X se résume à la vulgarité poursuivie par les moyens de l’image.
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Un soir, en compagnie d’une bande d’amis bruyants et ivres, on perd un portefeuille. Deux jours après, on reçoit un coup de téléphone signalant que le portefeuille a été retrouvé. On se dépêche à un rendez-vous. En effet : c’est bien le portefeuille, parfaitement complet. Mais il serait vulgaire d’en tirer la moindre morale. Heureusement qu’il y a encore des êtres désintéressés sur terre, etc. Ce genre.
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L’érotique du journal intime est une érotique de la distribution : comment se déploient les membres de ce qui constitue une journée, la pensée de cette journée, l’écriture de cette pensée. Chez Anaïs Nin, chez Virginia Woolf, chez Sylvia Plath, ou chez Louise de Vilmorin, cette distribution est continue. Chez Paul Claudel, chez Jules Renard, chez Léon Bloy ou chez Charles Juliet, elle est au contraire discontinue. Peut-être faudrait-il en déduire que le secret qui se dissimulerait derrière cette différence des modes de distribution ne serait en fait qu’une platitude : les hommes et les femmes n’habitent pas leurs journées de la même manière. Ils établissent un rapport érotique différent au cours de leur existence. Mais on n’aurait encore rien dit : là comme partout, il y a des exceptions. Il n’y a même que cela.
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Un soir, en compagnie d’une bande d’amis bruyants et ivres, on perd un portefeuille. Deux jours après, on reçoit un coup de téléphone signalant que le portefeuille a été retrouvé. On se dépêche à un rendez-vous. En effet : c’est bien le portefeuille, parfaitement complet. Mais il serait vulgaire d’en tirer la moindre morale. Heureusement qu’il y a encore des êtres désintéressés sur terre, etc. Ce genre.
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L’érotique du journal intime est une érotique de la distribution : comment se déploient les membres de ce qui constitue une journée, la pensée de cette journée, l’écriture de cette pensée. Chez Anaïs Nin, chez Virginia Woolf, chez Sylvia Plath, ou chez Louise de Vilmorin, cette distribution est continue. Chez Paul Claudel, chez Jules Renard, chez Léon Bloy ou chez Charles Juliet, elle est au contraire discontinue. Peut-être faudrait-il en déduire que le secret qui se dissimulerait derrière cette différence des modes de distribution ne serait en fait qu’une platitude : les hommes et les femmes n’habitent pas leurs journées de la même manière. Ils établissent un rapport érotique différent au cours de leur existence. Mais on n’aurait encore rien dit : là comme partout, il y a des exceptions. Il n’y a même que cela.
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