samedi, juin 24, 2006

par JEAN PHILIPPE CONVERT, le vendredi 23 juin 2006

Aujourd’hui je me suis levé mais le monde était passé. Déjà. Ma petite amie m’a téléphoné. « je songe à aller aux urgences » m’a t-elle dit. On avait rendez-vous hier au cinéma pour voir IL CAIMANO. Au dernier moment, j’ai annulé.

« Vite vite, je n’ai pas le temps, il faut que je prépare mon expo, que j’écrive un texte pour le blog de Pylône, ça urge, je n’ai plus le temps. »

- Mais les blogs, m’a dit ma petite amie, tout le monde en tient un et personne ne les lit. Dans tes expositions, il n’y a jamais un pékinois. Tu as déjà envoyé les invitations, c’est comme si c’était déjà fait.

- Oui, tu as raison pourtant c’est mon métier, ma vie et puis je me suis engagé. Tu me connais. Quand on est bête, on l’est complètement. Je vis à fond.

Ma petite amie est donc restée dans sa maison avec son chat puisque je n’avais pas le temps de voir IL CAIMANO. Elle était dans le jardin quand son chat a avalé l’oiseau qui passait. C’était bon mais le bec lui est resté en travers. Toute la nuit, elle a songé. A 9h38, c’est mon heure de disponibilité le matin, elle m’a téléphoné.

« Je songe à aller aux urgences »

- Tu ne vas pas bien ?
- Non, c’est mon chat.
- Je te rejoins.

Je suis allé à Anvers. J’ai créé un chef d’oeuvre, encore un. Je suis revenu d’Anvers. Aux urgences je me suis rendu.

- Tu viens trop tard, m’a dit ma petite amie, mon chat n’a pas digéré le bec. C’est fatal.

J’ai quitté les urgences. Je ne voyais rien. Je pensais : à quoi bon ? Un égoutier, lui aussi largué, s’était dit la même chose. Il avait fait son travail à moitié. Il n’avait pas refermé la bouche d’égout sur le trottoir où je marchais. Je suis tombé. Je ne m’en suis pas tout de suite aperçu puisque je ne voyais rien. J’ai téléphoné à ma petite amie.

- Tu es où ?
- Dans les égouts.
- Je te rejoins.

On a fait l’amour. On continue. Les projets d’expo s’enchaînent à la surface. Pour elle aussi, la vie fonctionne à la surface. Elle achète des appartements. Elle est devenue promotrice immobilière.

De toute façon, ici ou là-bas, comme disait mon frère jumeau, celui qui est mort, c’est caïman la même chose.

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Cher Journalier,

Comme je vous l'avais dit dans un mail précédent, je vais tenter d'activer de vieilles connaissances susceptibles de lire votre blog. Ma grand-mère est morte et ne lisait que l'anglais. Ca ne marchera déjà pas. Après, il y a mon fichier clients. Mais ça fera trop de monde du coup. Brutal. Vous m'aviez par ailleurs signalé que vos pages d'écritures s'afficheraient pour l'éternité. Ce qui ne manque pas de m'étonner. Cela laisse le temps de croiser une connaissance et de lui rappeler : "Au fait, tu as lu le journal de Jean-Philippe Convert"? Réponse de la connaissance : "Oh ben oui, quand j'étais à l'hosto, j'ai laissé un comment pour qu'il sache que je l'avais lu, je lui ai aussi rappelé qu'il pouvait choisir la double nationalité (un droit qu'ils vont voter ici parce qu'il y a trop de Français amers), devenir un vrai Belge tout en gardant sa vraie nationalité française au cas où la guerre cesserait en France"...
Sur ce point je suis et serais ou j'étais quasi du même avis que ma connaissance. Quant au chat,j'ai l'intime conviction qu' il s'en sortira.

Très sincères salutations


Mine Immo.

12:11  

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