lundi, mai 29, 2006

par ALAIN LACROIX, le lundi 29 mai 2006

Comme je suis vôtre hôte jusqu'à Dimanche, les présentations sont nécessaires : j'ai 34 ans, je vis à Lyon et publie des textes dans des revues littéraires depuis quatre ans. Je suis entrain de terminer un roman Constellation, sur lequel j'ai beaucoup sué. Pour le reste ne me demandez pas d'où je tire ma subsistance : c'est secret.
En ce moment mes journées sont faîtes d'écriture et de lectures, ce blog en sera sûrement le reflet. Enfin nous verrons.
Aujourd'hui ai envoyé ce mail à une amie qui participe à un concours de nouvelles. Elle voulait mon avis sur son texte.

*

Hello M.
Bon, ravi que tu aies entendu certaines de mes suggestions
pour les autres libre à toi
je peux me tromper

c'est toujours difficile d'avoir de la lucidité sur son propre travail, du recul
simplement deux choses (pour partager quelques réflexions avec toi, et pas du tout pour te faire la leçon):
On ne fait jamais assez confiance aux mots
et au lecteur
Quand on a dit une fois une chose, c'est imprimé dans sa tête
et c'est inutile de le répéter (c'est en ce sens que je parlais de quelques "redondances")
or on a toujours tendance à être trop "explicatif" au moment de l'écriture (cela fait plus partie du son propre processus d'éclaircissement à soi, que de ce qui est requis).
En outre tout ce que tu veux faire passer est aussi contenu dans le "Contexte": en gros, passé la page 1, on a fait sa photographie mentale du lieu et de la situation que tu as posé et il y a moins besoin d'éléments descriptifs, que tu as tendance à le croire.
Une comparaison cinématographique : si le début d'un film, pour des raisons d'"installation", doit être en plan fixe, respectant le temps de la compréhension nécessaire,
la suite peut être en caméra à l'épaule, rapide. Ce qui est acquis est acquis.
On a alors moins besoin de détails techniques (même s'il te tiennent à cœur) que d'enjeu dramatique: c'est davantage les rapports entre les personnages, toi, et la progression narrative de l'ensemble, qui comptent. Or, à ce moment-là, trop de détail freine la lecture, au moment ou l'on attend que les choses avancent.
La logique me semble-t-il, c'est : plus un récit approche de la fin, plus il doit être elliptique, plus il peut aller vite, et plus le lecteur est intelligent (dans le sens ou la mécanique subjective assimile très vite : c'est la magie du processus de lecture). A ce stade là les mots sont de pures vitesses, on peut se permettre d'être très allusif. La mémoire du lecteur est comme une base de données : un seul mot tire avec lui tout un contexte. L'essentiel est fait. C'est alors qu'on peut s'amuser avec ses créatures.

Deuxième chose, sur le recul dont je parlais:
L'écrivaine Joyce Carol Oates a expliqué dans une interview qu'elle écrivait d'abord ses textes ( y travaillant avec acharnement comme toi et moi, je suppose)
puisqu'elle les laissait reposer ensuite un an sans les relire
"le temps de s'en détacher affectivement" (je cite ses mots).
Elle pouvait ensuite, j'imagine, en faire une lecture à la fois objective et technique.
Un luxe d'écrivain accompli que nous n'avons malheureusement pas le temps de nous permettre.

Voilà, quant à tes corrections, ça me parait bien pour autant que je puisse en juger. Le nouveau titre est mieux, aussi.
Bonne chance pour le concours, donc.
On se tient au courant, à bientôt.
*

Voilà, en guise de leçon - .
Leçon qui a aussi le mérite d'éclaircir les idées de son auteur.

Demain, d'autres éléments sur ce mode.
Une façon de faire un (auto)portrait dans le texte.

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

besoin de verifier:)

01:57  

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