par ALAIN LACROIX, le vendredi 2 juin 2006
Il faudra un jour comprendre pourquoi l'Allemagne fait question. Chacun a en tête son Allemagne imaginaire – un territoire est autant un fantasme qu'une réalité. C'est avec l'écriture que j'ai réalisé le poids de sa présence (mon livre s'y déroule, pour une bonne partie). Il y eut ce voyage fait à 11 ans avec mes grands-parents. Sorte de retour aux sources – sur les lieux où ils vécurent 18 ans durant, à Fribourg en Brisgau (adjudant de gendarmerie, mon grand-père faisait partie du contingent français présent dans l'après-guerre). Voyage dont quelques images demeurent, par delà le temps : Strasbourg, sa noire cathédrale et le mess des sous-officiers où nous logeâmes. Le ballon d'alsace et le lion de Belfort (mon aïeul affectionnait les militaria). Et donc Fribourg, le lieu originel : le quartier français où ils avaient vécu et qu'ils retrouvaient avec nostalgie – et quelque effroi aussi : la ville avait terriblement changé. Tout cela revêtait pour eux une importance que je saisissais mal et que je perçois mieux maintenant: c'est là qu'ils avaient vécu leurs vingt ans, eu deux enfants, dont mon père. Pour le reste, inutile de préciser que les relations entre les deux communautés étaient tendues.
Comme certaines personnes nées dans les années 70 j'ai été élevé dans l'optique de la réconciliation : et probablement suis-je l'ultime génération qui a été traversée par cette nécessité. On décida que j'apprendrais tôt la langue allemande – ce qui ne manquerait pas, par la suite, de m'aspirer vers Germania pour des voyages scolaires puis personnels. Chez mes grands-parents, je me souviens de l'étrange set de table "Berlin" qu'ils avaient rapporté d'un voyage (un jeu de 6, illustré du métro, de la porte de Brandebourg, et surtout la Cathédrale détruite – étrange surgissement du tragique dans le quotidien). Il y avait aussi, trônant sur le buffet, cette photo encadrée de la Martinstor de Fribourg, ce beffroi avec son arche fameuse. Qui demeure dans ma mémoire comme une ouverture, un laisser passer : c'est par cette image, probablement, que je suis encore happé.
Comme certaines personnes nées dans les années 70 j'ai été élevé dans l'optique de la réconciliation : et probablement suis-je l'ultime génération qui a été traversée par cette nécessité. On décida que j'apprendrais tôt la langue allemande – ce qui ne manquerait pas, par la suite, de m'aspirer vers Germania pour des voyages scolaires puis personnels. Chez mes grands-parents, je me souviens de l'étrange set de table "Berlin" qu'ils avaient rapporté d'un voyage (un jeu de 6, illustré du métro, de la porte de Brandebourg, et surtout la Cathédrale détruite – étrange surgissement du tragique dans le quotidien). Il y avait aussi, trônant sur le buffet, cette photo encadrée de la Martinstor de Fribourg, ce beffroi avec son arche fameuse. Qui demeure dans ma mémoire comme une ouverture, un laisser passer : c'est par cette image, probablement, que je suis encore happé.
2 Comments:
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